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Quand les banquiers européens qui ont quitté Londres apprécient d'être rentrés à la maison

Seriez-vous prêt à quitter un job de trader senior chez J.P. Morgan à Londres pour un job freelance chez BNP Securities Services à Paris ? Ou bien échanger un poste d'associate chez Moelis & Co. à Londres pour un poste de gestionnaire de portefeuille à Copenhague ? Ou encore passer d'un job de vendeur actions au sein d'une banque européenne à Londres à un job similaire... à Amsterdam ? Si la réponse est définitivement non, peut-être cela traduit-il une certaine étroitesse d'esprit. Car celles et ceux qui sont rentrés au bercail trouvent que c'est génial. En tout cas jusqu'à un certain point...

Ainsi, en décembre dernier, un dénommé The Hung Nguyen a cessé de faire du trading actions sur le book central de risques chez J.P. Morgan. Désormais, il travaille à Paris comme consultant indépendant chez BNP Paribas Securities Services. Rien à voir avec Londres. Rien à voir non plus avec un hedge fund (sachant que The Hung a jadis travaillé un an chez Millennium et monté son propre hedge fund, Arche Capital). Mais sa famille vit en France et il s'y sent bien. « Je suis né à Paris et j'adore vivre ici. Certes, Londres est une grande capitale, mais mon cœur penche pour Paris », explique-t-il.

Rasmus Iversen, lui, a débuté dans M&A chez Moelis & Co à Londres. Au bout de quatre ans, il vient de rentrer à Copenhague, où il occupe un poste buy-side de gestionnaire de portefeuille actions marchés émergents chez le gestionnaire d'actifs BankInvest. Et il n'est pas le seul : comme nous l'avons indiqué précédemment dans nos colonnes, il existe une tendance chez les jeunes financiers corporate consistant à quitter Londres pour occuper des emplois buy-side en Europe. A l'heure même où les recruteurs reconnaissent que les fonds de capital-investissement à Londres recrutent moins, les fonds de private equity en Allemagne se disputent les talents.

Et il ne s'agit pas seulement de se rapprocher de sa famille. Les Européens qui sont rentrés chez eux pour travailler dans le buy-side disent qu'il est plus facile d'évoluer et que le travail est plus intéressant. « La structure est beaucoup moins hiérarchique ici », indique l'un d'entre eux. « Et le contenu prime sur la forme. Lorsque vous êtes dans une banque à Londres, il ne suffit pas de faire une robuste analyse et d'arriver à une conclusion correcte. Vous devez également faire en sorte que cela soit présentable et convivial pour les clients ». Est-ce que cela est dû à l'entreprise ou à son emplacement ? « Les deux », répond-t-il.

Le vrai problème est que Londres sera toujours chère, en particulier pour celles et ceux à charge de famille. Un vendeur actions néerlandais qui a travaillé à la City et qui est maintenant à Amsterdam explique que les banquiers européens luttent (comme tout le monde) pour élever leur famille à Londres. « Vous êtes mieux payé là-bas, mais une fois considéré le coût de la scolarité, vous finissez par gagner moins. Cela ne fait pas de sens de rester ». Bien que Francfort pâtisse d'une réputation d'horaires à rallonge (ce qui a valu à un junior de Goldman Sachs de s'écrouler à 2h30 du matin en décembre dernier), les villes européennes sont considérées comme moins exigeantes.

« Londres est un endroit idéal pour débuter votre carrière, mais c'est une ville extrême : vous avez plein de gens talentueux faisant d'énormes sacrifices dans leur vie personnelle pour aller de l'avant », indique un jeune banquier M&A qui a quitté la City pour son pays d'origine. « Lorsque vous travaillez 80 heures à Londres, il est difficile de rester en contact avec vos amis restés au pays ». Si bien qu'à un moment donné, vous devez faire un choix : est-ce que vous voulez couper les ponts avec tout le monde et faire votre vie à la City ? Ou bien retourner près de votre famille et vos amis ? Londres est trop binaire.

Bien sûr, Londres a ses avantages. Francfort a beau avoir de grands jardins d'enfants, elle est perçue comme ennuyeuse. « Francfort est comme une marmite », relève un consultant en stratégie. « C'est génial si vous avez de jeunes enfants, mais pas top si vous avez l'habitude de manger chaque semaine dans restaurant différent étoilé au Michelin ». À Amsterdam, les bonus sont plafonnés à 20% des salaires. Les Pays-Bas ont pourtant promis d'assouplir cette règle pour attirer les banques londoniennes, mais les banquiers demeurent réticents. « Aucune personne vraiment talentueuse ne souhaite venir ici en raison de cette législation sur les bonus », explique notre vendeur actions.

Et d'ajouter que la popularité des places financières européennes dépend avant tout de la technologie et des structures de trading. Non seulement les banques qui avaient des bureaux satellites en Europe les ont centralisés au cours de la dernière décennie dans le but de réduire les coûts, mais les communications modernes ont facilité pour les vendeurs le fait d'être basés en dehors de la City. « Les communications modernes ne requièrent plus d'être forcément présents à Londres ». En outre, le vendeur actions indique que la vente multi-asset favorise la centralisation : lorsque les gens vendent des produits multiples, il est logique qu'ils soient centralisés en un seul endroit.

A terme, il se pourrait que ce lieu soit.. Francfort. Mais pas dans l'immédiat. Car comme l'a souligné la semaine dernière Jamie Dimon, le CEO de JPMorgan, dans sa lettre aux actionnaires, les emplois ne bougeront pas au cours des deux prochaines années. Notre consultant en stratégie, qui travaille sur les plans de relocalisation des banques, précise que tous ses clients tentent d'élaborer des plans de contournement du Brexit, mais que cela prend du temps. « Il faut faire des études de relocalisation, obtenir des licences puis monter une structure dans le pays d'accueil. Les clients se préparent au pire. Tout un processus a été enclenché mais le grand public ne le voit pas ». Ce qui laisse encore un certain répit aux banquiers londoniens avant que ces derniers ne cèdent aux sirènes de l'attractivité des places financières de l'UE.

Crédits photo : Tom Merton / gettyimages

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AUTEURSarah Butcher Editrice Monde

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