INTERVIEW : « Les métiers du financement immobilier souffrent d'un déficit d'image mais cela est en train de changer... »
A l'occasion de Paris Finance Conférence qui se tenait en mars dernier à Paris, Alexis Meunier, Head of Real Estate Finance France et Benelux chez Natixis, a présenté les enjeux et perspectives du financement immobilier en France. Depuis, nous nous sommes entretenus avec lui afin qu'il nous précise les caractéristiques de cette profession encore trop souvent méconnue des financiers.
Pouvez-vous nous rappeler brièvement votre cursus universitaire et professionnel ?
Je suis diplômé de l’ESC Toulouse. J’ai débuté ma carrière en tant que chargé d’affaires au sein des financements structurés immobiliers chez CACIB où j’ai passé cinq ans puis ai été recruté par Natixis en 2006 où j’ai d’abord été chargé d’affaires puis responsable de l’équipe des foncières. Depuis deux ans, je suis responsable de l’équipe des Financements structurés immobiliers pour la France et le Benelux.
Un petit mot sur l'équipe de 15 personnes que vous encadrez chez Natixis ?
C'est une équipe composée à la fois de commerciaux et de financiers, qui ont quasiment tous effectué leur carrière dans la banque et/ou le financement. Notre objectif est de varier les profils avec un background plus diversifié afin de mieux comprendre les besoins des clients. Ainsi, nous cherchons par exemple à recruter des professionnels issus des marchés de capitaux afin de nourrir une réflexion approfondie sur les investissements.
Le métier fait aussi bien appel à des profils juniors que seniors. La moitié de l'équipe a moins de 40 ans, l'autre moitié étant constitué à égalité par les 40-50 d'un côté, et les plus de 50 ans de l'autre. A noter que l'équipe est aujourd’hui composée majoritairement d'hommes mais nous sommes attentifs à diversifier les profils bien que les femmes soient encore moins nombreuses à se tourner vers ces métiers.
Les métiers du financement immobilier ne semblent pas être très sexy auprès des financiers. Vous confirmez ?
Il est vrai que les métiers du financement immobilier souffrent d'un déficit d'image, notamment par rapport aux autres métiers du financement (LBO, projets, infrastructures...). Pourtant, le financement immobilier s'est beaucoup structuré ces dernières années, tous les grands acteurs étant désormais présents dans cette classe d'actifs jugée essentielle dans le portefeuille des gérants internationaux. Signe des temps : de plus en plus de formations dédiées au financement immobilier.
Surtout, ce sont des métiers où l'on ne s'ennuie jamais, car entre le moment où nous sommes sollicités et la mise en place du financement, il se passe généralement 6 mois, contre 2 ans pour les autres types de financement. Le spectre couvert est large, allant du financement corporate des grandes foncières jusqu'aux opérations de financement de l'immobilier de bureau dites « en blanc », en passant par des opérations de découpe ou de deal « portefeuille ».
Quelles sont les compétences requises ?
Du fait de la complexité des financements mis en place (syndication, titrisation...), il est bien sûr nécessaire de maîtriser les différentes techniques de financement. Mais cela ne suffit pas : il convient également d'avoir des compétences en matière de négociation, d'adaptabilité, et de travail en équipe, en interne comme en externe, puisque pour les aspects juridiques et réglementaires, nous sommes accompagnés par des notaires et des cabinets d'avocats.
La maîtrise des langues est également importante du fait de la dimension de plus en plus internationale des clients que nous accompagnons. Les équipes, bien que bénéficiant d’une forte expertise locale dans chaque pays, sont aujourd’hui structurées autour d'un patron qui a pour mission de faire travailler ensemble les équipes des différents pays afin de répondre aux besoins globaux des clients à l’échelle européenne ou mondiale.
Ces métiers permettent-ils une évolution professionnelle rapide ?
Il existe en effet une possibilité d'évolution constante et rapide, comme en témoigne mon cursus professionnel où, en l'espace de moins de quinze ans, je suis passé de stagiaire à responsable France et Benelux du Real Estate. Le financement immobilier permet aussi d'accéder à des responsabilités au sommet de la hiérarchie. Pour preuve, Mohamed Kallala, responsable mondial de la division Investment Banking chez Natixis, était précédemment responsable mondial du Real Estate.