Les 9 crimes à ne pas commettre dans votre CV en banque
À moins d’être un mouton à cinq pattes, passer le barrage des recruteurs relève de la gageure. Les recruteurs reçoivent chaque semaine des centaines de candidatures toutes pleines d’espoirs. Mais peu d'entre elles retiendront leur attention.
Si vous ne voulez pas donner une bonne excuse aux recruteurs de rejeter votre CV, alors évitez ces erreurs, apparemment les plus nuisibles à votre candidature. Nous avons parlé à une sélection de recruteurs en banque des deux côtés de la Manche. Voilà ce qui, pour eux, est le plus rédhibitoire...
1 - Une longue intro sur vous, suivie de quelques descriptions de ce que vous avez réellement fait
« Un recruteur expérimenté prend 20 secondes en moyenne pour lire un CV et décider de la suite à donner. Il faut donc être clair et percutant », nous indique Olivier Coustaing, associé au sein du cabinet de chasse de têtes Alexander Hughes et basé à Paris. « En revanche il ne faut pas tomber dans le trop simple et factuel. Il est bon d’indiquer en en-tête un résumé des points saillants, de son expertise et de ses caractéristiques notables. Chaque expérience doit clairement mettre en évidence votre rôle, l’entreprise, les responsabilités principales et les réalisations marquantes ».
« Les recruteurs ne sont pas intéressés de savoir si vous êtes dynamique et ambitieux - tout le monde l’est dans une certaine mesure », explique quant à elle Kathryn Pride, directrice au sein du cabinet de recrutement Dartmouth Partners à Londres. « Ce qui les intéresse, c’est ce que vous faites quotidiennement dans votre emploi actuel ».
2 - Une énumération de postes sans donner aucune réalisation tangible
La brièveté est une bonne chose dans un CV, mais les recruteurs ne sont pas des médiums. Inutile de croire au miracle : si vous ne leur donnez pas suffisamment de billes, il ne va rien se passer. « La valeur ajoutée et la contribution concrète doit ressortir de chaque expérience, car c’est bien ce qu’un CV doit mettre en évidence. C’est seulement lors d’une rencontre ou d’un échange téléphonique que votre savoir-être pourra être mis en valeur », relève Olivier Coustaing.
Dean Looney, qui recrute des quants et des profils technologiques pour le cabinet de chasse britannique NJF Search explique qu’il est « intéressé par ce que le candidat a concrètement mis en place (système d’application, banque de données…) et comment cela a permis à l’entreprise de réduire les coûts, de gagner du temps, ou de l’argent (P&L) ». Et de poursuivre : « Si un candidat a utilisé C++, Java ou Python, nous voulons savoir comment il l’a fait et en quoi cela le différencie des autres candidats »
3 - Stop aux encadrés !
Les recruteurs détestent les encadrés et autres mises en page trop sophistiquées. Ne les utilisez pas : il n'y a pas besoin de donner à votre parcours universitaire un beau fond gris. Peut-être que vous y voyez là une belle mise en page avec de beaux pavés en surimpression. Les recruteurs, eux, y voient surtout une surcharge de travail. Car la plupart d'entre eux reformatent les CV pour les insérer dans leur propre template. « Les encadrés sont une plaie, à éviter », suggère Dean Looney.
4 - L’obsession des logos
Même aversion pour les logos. « Les gens aiment mettre des logos sur leur CV, explique Mani Kular du cabinet de recrutement Hudson. Après des copier-coller plus ou moins bien réalisés sur Internet, on retrouve listés ces logos dans tout le déroulé du parcours tant académique que professionnel. Cela surcharge inutilement le CV, et puis ce n’est pas très ‘classe’»
5 - Des fioritures à profusion
Ce qui vaut pour les encadrés et logos s’applique aussi aux étoiles et autres fantaisies Clip Art en tout genre. Tout ce qui ne ressemble pas à du texte fait mauvais effet sur un CV en banque. « Mieux vaut éviter toute excentricité dans la mise en page », suggère James Findlay, responsable du secteur risk & compliance du cabinet de recrutement Selby Jennings. Un propos parfaitement illustré par un exemple concret : « j’ai reçu il y a peu un CV dont l’en-tête comportait une étoile rouge, destinée à indiquer la disponibilité du candidat dès mai 2017».
6 - Un parcours marqué par l’inconstance
C’est pire que tout : une carrière morcelée est le plus sûr moyen de voir son CV ignoré par les recruteurs. Un chasseur de têtes européen confirme : « Quand je reçois un CV, je m’arrête d’abord sur la liste des employeurs, puis sur le temps passé dans chaque entreprise. Un CV peut être une compilation de sociétés toutes plus prestigieuses les unes que les autres, comme Barclays, Morgan Stanley et Deutsche Bank ; mais si la personne n’est restée qu’un an et demi dans chacune des structures, l’intérêt qu’elle présente sera minime pour moi comme pour les banques susceptibles de l’embaucher ».
« C’est avant tout la cohérence du parcours et la qualité des expériences qui seront étudiées. Des changements de segment ou d’entreprise peuvent s’inscrire dans une chronologie et une progression de carrière intelligible, mais la cohérence doit être évidente », insiste pour sa part Olivier Coustaing. « Passer par exemple d’un acteur reconnu vers une fintech, ou d’un grand groupe vers un joueur à taille humaine mais avec plus de responsabilités, ou encore évoluer à d’autres fonctions au sein d’une même institution, sont des situations qui peuvent s’argumenter et se valoriser dans un parcours ».
7 - Une mauvaise chronologie
N’indiquez jamais votre premier poste en tête de CV. Et ne présentez pas vos qualifications avant votre historique de carrière. Les recruteurs s’intéressent au premier chef à ce que vous faites maintenant. Comme le précise James Findlay, « votre dernier job doit toujours être le premier visible sur un CV. Et vos qualifications apparaître seulement après votre expérience professionnelle ». Sauf, ajoute-t-il, « si vous êtes en passe de parvenir à quelque chose de vraiment remarquable, comme publier une thèse ».
8 - Des intitulés de poste détournés
Certes, vous êtes analyste, mais dans quel domaine ? Si vous êtes analyste en informatique, ne donnez pas l’impression d’être un analyste en banque d'investissement (IBD). Selon Andy Pringle, du cabinet de recrutement Circle Square, l’occurrence est plus fréquente qu’on ne l’imagine. Par exemple, « des candidats issus des départements risques se qualifient d’analystes et postulent à des jobs en IBD. Idem pour certains en provenance des secteurs technologiques. C’est purement et simplement fallacieux ».
9 - Des actions auxquelles votre contribution a été purement marginale
L’une des équipes qui vous est proche a travaillé sur un gros deal ? Vous avez fait une suggestion qui a été intégrée au pitch book, qui a permis de décrocher un contrat ? Cela ne signifie en rien que vous pouvez ajouter ce genre de choses à votre tableau de chasse. Ne vous attribuez pas comme vos propres succès les actions dans lesquelles vous n’avez eu qu’un rôle annexe.
« Nous plaisantons beaucoup autour du cas Songbird », raconte Andy Pringle en citant cet exemple en passe de devenir culte : « le groupe immobilier est passé par trois refinancements et je l’ai trouvé mentionné dans 200 CV. Les candidats indiquent avoir pris part au deal alors que la plupart n'ont vu passer qu'un document Excel portant le nom de Songbird ».
« La transparence et l’honnêteté sont essentielles. Surtout de nos jours où ces valeurs font partie du podium des attentes des entreprises, très sensibles au 'cultural fit' et souhaitant des individus valorisant une image irréprochable des métiers bancaires », conclut notre recruteur parisien Olivier Coustaing. Vous savez donc ce qu'il vous reste à faire...
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