MiFID II va bouleverser les jobs de trading et de vente. Êtes-vous sûr d'être prêt ?
Si vous travaillez dans la finance de marché en Europe, quelque chose de sombre et d'attendu se trame à l'horizon. Ce qui semblait ne jamais devoir se produire est en passe de devenir réalité. Vous l'avez peut-être déjà deviné ? Il s'agit de... MiFID II.
Cette nouvelle directive européenne, qui vise à renforcer la transparence des opérations et à assurer la protection des clients, a d'ores et déjà semé un vent de panique au sein des établissements financiers. D'après une étude du cabinet de conseil JWG parue début juillet, 90% des investisseurs institutionnels européens ne seront pas prêts au 3 janvier pour l'entrée en application de MiFID II.
Si beaucoup de choses ont été dites sur l'impact sur les jobs en recherche actions, ce n'est pas le cas pour les jobs de vente et trading actions. Jason Rand, responsable mondial des services d'exécution chez Mirabaud Securities, affirme que le changement se révèle déjà dramatique. « Nous nous engageons dans une des plus grandes réformes structurelles de marché de l'Histoire. La complexité de l'univers du trading est sur le point d'augmenter exponentiellement », explique-t-il.
Si vous travaillez dans la vente et le trading, vous devez vous preparer, car survivre à MiFID ne sera pas simple. Voici les questions que vous devez impérativement vous poser...
1. Comprenez-vous comment MiFID II va transformer la structure du marché ?
Si vous souhaitez conserver votre job de trader ou de vendeur après MiFID II, vous aurez besoin de comprendre intimement la nouvelle structure du marché. Richard Johnson, spécialiste de la structure du marché chez Greenwich Associates, affirme que les traders et les sales qui seront recherchés à l'avenir seront ceux qui comprennent parfaitement les nouvelles exigences en matière de mécanismes et de routage.
Par exemple, MiFID II impose des restrictions sur l'utilisation de dark pools et devrait donc conduire à une augmentation du trading via des systematic internalizers (entreprises d'investissement qui matchent les ordres d'achat et de vente en interne, mais le font publiquement) et à une augmentation des "ordres conditionnels" utilisant des algorithmes pour tester la possibilité de trading dans les dark pools.
« Les gens du sell-side devront éduquer ceux du buy-side sur la façon d'acheminer les 'trades' et sur comment tirer le meilleur parti de toutes les données disponibles », explique Johnson. « Voulez-vous utiliser un dark pool ? Quel est le meilleur 'systematic internalizer' pour ce 'trade' Le buy-side est en demande d'aide sur ce sujet auprès des clients qui font face aux courtiers ».
« Les traders et vendeurs les plus en vue se sont déjà adaptés à ce nouveau paysage », explique Jason Rand : « Ils ont de solides relations avec leurs clients, comprennent les produits et comment ces produits seront tradés sous les nouvelles structures de marché de MiFID II ... Les traders et vendeurs doivent fournir un service de conseil aux clients essayant de surnager dans MiFID II et combiner cela avec une plate-forme de liquidité ». Il ne s'agit plus simplement d'être en bons termes avec vos clients.
2. Êtes-vous familier avec le nouveau système Transaction Cost Analytics (TCA) ?
Depuis MiFID II, quiconque travaillant dans la finance de marché en Europe devra connaître les principes du transaction cost analysis (TCA) – de façon efficace, en veillant à ce que les trades se déroulent au meilleur prix pour les clients. Cependant, en vertu de MiFID II, le TCA s'exercera à un tout nouveau niveau, puisque les courtiers seront obligés de prendre toutes les mesures « nécessaires » et plus seulement « raisonnables » pour s'assurer qu'un trade se déroule le plus efficacement possible.
Résultat : quiconque travaillant dans un système de vente et de trading devra être extrêmement familier avec les systèmes et analyses TCA. La plupart des banques et des grandes entreprises ont déjà mis en place des systèmes TCA, mais Richard Johnson affirme que les petites sociétés buy-side sont en retard : « Historiquement, seules les grandes entreprises buy-side pouvaient se le permettre, mais il s'agit d'une compétence avec laquelle même les petites entreprises doivent être familières ».
3. Travaillez-vous pour une firme de courtage leader dans votre secteur ?
MIFID II devrait entraîner une nouvelle consolidation dans les métiers actions. Les recherches de Greenwich montrent que 45% des sociétés buy-side prévoient de réduire leurs listes de courtiers dans le sillage de la réglementation, alors que seulement 13% prévoient de les augmenter. Plus votre employeur est grand et bénéficiaire, plus il a de chances de survivre.
« Les dealers-brokers plus petits pourraient bien décider que les dépenses en conformité et technologie nécessaires pour faire tourner un desk de trading n'en valent pas la peine », explique Richard Johnson. « Ces entreprises pourraient cesser complètement le trading et devenir des fournisseurs de recherche indépendants », suggère-t-il.
4. Êtes-vous sûr de vouloir travailler pour une petite société de courtage achetant des algorithmes externalisés ?
Dans le but de réduire les coûts, certaines petites maisons de courtage achètent également des algorithmes en « marque blanche » auprès de fournisseurs tiers. Les entreprises fournissant ces algorithmes insistent sur leur pertinence : « Si quelqu'un utilise notre algo, ils peuvent l'avoir tradé de la même manière dans leur liste de courtiers - nous pouvons le brancher dans le système d'un courtier », explique l'un des nouveaux vendeurs d'algo . « Cela est convaincant dans MiFID II car il est plus facile de justifier pourquoi vous utilisez des courtiers particuliers pour l'exécution - vous n'avez pas à répéter l'analyse TCA ».
Cependant, Richard Johnson émet des doutes. « Si vous êtes un client qui choisit un courtier en fonction de la qualité de son exécution, pourquoi choisiriez-vous celui qui utilise des algorithmes externes ? ». Si vous travaillez pour un petit courtier, il suggère que vous feriez mieux d'opter pour un prestataire offrant une excellente liquidité et employant des vendeurs et traders qui apportent un service de « haute qualité » à des clients exigeants.
5. Pouvez-vous mixer la connaissance produit et client d'un sales trader 'high touch' avec la connaissance d'exécution d'un sales trader 'low touch' ?
La nouvelle définition du high touch ne consiste pas seulement à connaître le produit. Cela signifie également comprendre comment les systèmes de trading électroniques fonctionneront dans le cadre de la nouvelle structure du marché (les types de compétences traditionnellement associées à des vendeurs low touch qui vendent les systèmes plutôt que des idées de trading).
« MiFID II va encourager la fusion des compétences high et low touch, ce qui se produit déjà depuis quelque temps », explique Richard Johnson. « Afin d'éduquer les clients, les sales traders devront être très informés sur le nouveau paysage. Ils devront comprendre le routage et les systematic internalizers, et combiner cela avec une connaissance détaillée des marchés et des produits ». (voir le point 1).
6. Pouvez-vous travailler avec plusieurs produits ?
Dans le même temps, les recruteurs disent que MiFID II encourage la demande d'un nouveau type de vendeur pour travailler sur les desks “global liquidity solutions”. Ce sont des desks qui vendent tous les produits hautement liquides pouvant être tradés par voie électronique. Ils sont dotés de personnes ayant à la fois une approche 'high touch' 'low touch'et à même de travailler dans les produits fixed income liquides ET les actions.
Le nouveau desk global liquidity solutions de J.P. Morgan à New York en est un exemple concret. « Les banques auront besoin de vendeurs qui peuvent vendre n'importe quel produit de liquidité », explique un director. Et de conclure : « Cela ne suffira plus d'être un spécialiste mono-produit ». Vous voici prévenu.
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