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Banque par banque, voici les plans de recrutement (et de licenciement) pour le deuxième semestre 2017

En cette période estivale, toutes les grandes banques d'investissement (y compris les banques françaises) ont publié leurs résultats du deuxième trimestre 2017 et communiqué sur leurs priorités stratégiques d'ici la fin de l'année. Alors, qui embauche et qui licencie, et dans quels métiers ? Comme nous l'avions fait au printemps dernier, voici donc un point sur les prévisions de recrutements (ou de suppressions de poste) des grandes banques d’investissement au niveau mondial...

Bank of America : poursuite des investissements dans la tech / embauches à venir à Dublin et Chicago

Bank of America n'a pas donné beaucoup de détails sur ses plans d'embauche lorsqu'elle a présenté ses résultats du deuxième trimestre le mois dernier. La banque américaine a bien performé, mais n'a pas de plans spécifiques de recrutement dans des secteurs particuliers du front office dans sa banque d'investissement. En effet, le groupe continue de réduire ses coûts globaux à raison de 100 M$ par an. Néanmoins, attendez-vous à des investissements importants en technologie, notamment dans les équipes de vente de la banque où, d'après son CEO Brian Moynihan, « l'intelligence artificielle a été utilisée pour hiérarchiser leur travail afin de mieux cibler leurs efforts ».

Par ailleurs, BAML pourrait embaucher à Dublin, mais pas avant 2018. La banque compte actuellement 700 employés dans la capitale irlandaise, mais affirme qu'elle « en aura certainement davantage » après avoir choisi Dublin pour sa base européenne post-Brexit. BAML précise que ses équipes à Dublin seront à la fois composées de personnes venant de Londres ainsi que par des embauches sur place.

Enfin, côté U.S., des recrutements sont prévus à Chicago, où la banque construit une nouvelle tour de bureaux de 51 étages. Là aussi, les recrutements pourraient ne pas être immédiats : des centaines d'embauches sont attendues dans les années à venir.

Barclays : Nouveau CEO ? Nouvelle équipe de trading macro aux États-Unis ?

La question qui brûle sur toutes les lèvres chez Barclays cet été est de savoir si le CEO Jes Staley va rester. À l'occasion d'une audience à la Financial Conduct Authority dans le cadre des poursuites contre un lanceur d'alerte, des voix se sont élevées pour qu'il s'en aille, même si le principal intéressé n'a donné aucune indication de départ. Au sein de la banque d'investissement de Barclays, tout le monde espère néanmoins qu'il restera. Le cas échéant, Barclays aura connu trois CEO en l'espace de trois ans.

En attendant, Jes Staley a déclaré fin juillet que la « restructuration était terminée » chez Barclays. Ce qui est une bonne chose, sauf que la banque d'investissement génère toujours un RoE inférieur au coût du capital, si bien que d'autres ajustements semblent inévitables. En particulier, la banque a indiqué qu'elle envisageait de réallouer davantage de capitaux vers les activités vente et trading qui performent bien (ex : credit trading). Barclays pourrait renforcer sa banque d'investissement avec l'arrivée de 50 à 100 personnes supplémentaires, mais rien n'a filtré lorsque la banque a communiqué sur ses résultats et sa stratégie. En juillet, Barclays avait déjà embauché 20 personnes pour ses activités actions à Londres. Des problèmes subsistent dans les activités US de macro trading de Barclays, mais son CEO Jes Staley a déclaré que la banque « corrigerait ces derniers ». Ainsi, en mai dernier, la banque a déjà embauché Robert Tzucker de BNP Paribas comme responsable de l'inflation américaine.

Enfin, comme la plupart des banques, Barclays poursuit ses efforts en matière d'investissements stratégiques dans la technologie. Alors, attendez-vous également à davantage de recrutements de profils tech'.

BNP Paribas : Activités de marché à surveiller de près / recrutements dans la BFI en Europe du Nord / recrutements dans la division Intelligence Artificielle en France et au Portugal

La banque française qui a annoncé ses résultats fin juillet n'a pas fait de commentaires sur ses prévisions d'embauche d'ici la fin de l'année. Ses résultats du deuxième trimestre 2017 ont été tirés par sa division de financement et d'investissement, portée notamment par les bons résultats du trading sur les marchés actions et dérivés, et ce alors même que la plupart de ses concurrentes étrangères ont accusé une baisse de leurs revenus dans la BFI. Des recrutements ne sont donc pas à exclure, d'autant plus que dans le cadre de son plan Stratégie 2020, BNP Paribas prévoit une croissance annuelle des revenus dans sa division CIB de 4,5% d’ici à 2020.

Un peu plus tôt dans l'année, la banque a indiqué vouloir accélérer le développement de la clientèle en Europe dans sa division BFI, notamment dans les pays d’Europe du nord. Ainsi, BNP CIB entend augmenter de nombre de ses clients corporates en Allemagne, au Royaume-Uni et dans les pays scandinaves, avec un objectif chiffré : 350 nouveaux clients corporates d’ici 2020.

Rappelons par ailleurs que BNP Paribas devrait embaucher à terme 75 personnes pour sa nouvelle division AI, basée à Paris et au Portugal. « Nous recrutons environ 10 personnes par an », précise dans nos colonnes Édouard d’Archimbaud qui dirige le laboratoire de données et d’intelligence artificielle (AI) de BNP Paribas.

Citigroup : recrutements dans les destinations « low-cost » voire dans les métiers actions / la réduction des coûts se poursuit

Les banquiers d'investissement de Citi ont connu un excellent premier semestre, les revenus ayant bondi de 81% dans les marchés de capitaux au cours des six premiers mois et augmenté d'environ 20% dans les M&A et l'ECM. Lors de la conférence téléphonique accompagnant la publication des résultats de la banque, le CFO John Gerspach a déclaré que la « rémunération incitative » (autrement dit les bonus) avait augmenté. Les banquiers d'investissement de Citi en seront sûrement les bénéficiaires.

Côté recrutements, il est plus probable que ces derniers aient lieu dans les activités les moins coûteuses plutôt qu'en banque d'investissement. Tout comme Jes Staley chez Barclays, le CEO de Citi, Mike Corbat, a indiqué que la restructuration était terminée, contrairement à ce qui est indiqué dans les rapports stratégiques de la banque - Citi n'a en effet pas fini de réduire les coûts dans sa division clients institutionnels regroupant sa banque d'investissement et ses activités marchés. Au cours de sa récente journée investisseurs, Citi a déclaré avoir l'intention de transférer davantage de personnel vers des destinations « low-cost ». Attendez-vous donc à plus de recrutement en Inde et à Belfast. Citi a également choisi Francfort en tant que centre post-Brexit, alors attendez-vous aussi à des embauches là-bas.

Enfin, il est possible que Murray Roos puisse encore recruter quelques personnes supplémentaires dans les activités actions de Citi. Il y a eu des départs retentissants dans les actions et Citi qui aspire à occuper le 5e rang mondial dans ce domaine n'occupe actuellement que le 7e rang. Attendez-vous à ce que l'accent soit mis sur le prime brokerage.

Credit Suisse : Méfiez-vous des jobs contractuels et de l'Asie / la réduction des coûts se poursuit / recrutements possibles dans les métiers actions

S'il y a bien une chose à éviter chez Credit Suisse, ce sont les jobs contractuels. La banque suisse s'est séparée l'an dernier de 4.310 sous-traitants et reste concentrée sur l'élimination du personnel non permanent car elle tente de réduire les coûts. Dans la division marchés mondiaux, Credit Suisse veut réduire les coûts à 4,8 milliards de francs suisses d'ici 2018. Au premier semestre, les coûts dans la division se sont élevés à 2,5 milliards de francs suisses, ce qui prouve qu'il reste encore du chemin à parcourir. La banque comprime également ses effectifs en Asie où elle vise un RoE de 10-15%.

S'il reste cependant une lueur d'espoir chez Credit Suisse, c'est bien dans les activités vente et trading actions, où la banque nourrit de grands espoirs après avoir débauché Mike Stewart de chez UBS. Son CEO Tidjane Thiam a indiqué fin juillet que les actiivités credit  prendront le dessus sur les activités actions lorsque le cycle de crédit se retournera. En attendant, l'activité crédit de Credit Suisse est actuellement deux fois plus importante que son activité actions, ce qui prouve que Mike Stewart - qui a déjà embauché frénétiquement – a encore du pain sur la planche.

Deutsche Bank : Mauvaises nouvelles pour les traders et quiconque travaille sur des systèmes IT existants / une bonne nouvelle pour les vendeurs spécialisés / potentiel de grand bouleversement à mesure que les emplois quittent Londres

Deutsche Bank réduit encore les coûts (exception faite des salaires), mais il y a un problème dans la mesure où les revenus fondent comme neige au soleil. Ainsi, au premier semestre 2017, les coûts ont représenté 82,8% des revenus de la BFI de Deutsche, contre 83,3% au premier semestre 2016, ce qui représente certes une baisse – mais très faible. La technologie suscite toutes les attentions, le CEO John Cryan ayant indiqué fin juillet que Deutsche Bank possédait encore 33 systèmes d'exploitation et qu'il voulait les réduire à 4 d'ici 2020.

Néanmoins, Deutsche a insisté en début d'année qu'elle était de retour en mode croissance. Comme Goldman, elle veut se concentrer sur la croissance de son activité clients corporates. Deutsche a également déclaré qu'elle voulait "approfondir" les relations entre ses divisions M&A et ECM. Lors de la conférence téléphonique accompagnant les résultats du deuxième trimestre de la banque, John Cryan a déclaré que la banque avait davantage besoin pour ses activités actions de « spécialistes de la vente et la distribution »que de traders.

Il existe également la possibilité d'un grand bouleversement d'ici la la fin de l'année, car Deutsche Bank s'efforce de déplacer des emplois de Londres en raison du Brexit. En dépit du fait que la banque allemande a emménagé dans un nouveau bureau londonien pouvant accueillir plus de 5.000 de ses 7.000 employés à Londres, Bloomberg a rapporté début août que Deutsche Bank prévoyait de transférer prochainement 4.000 personnes à Berlin et à Francfort.

Goldman Sachs : recrutements dans le «cash credit», les marchés des prêts et DCM voire les marchés émergents / réduction probable des postes axés sur la vente de produits macro aux hedge funds

Goldman Sachs a des problèmes. Les activités de vente et de trading de la banque ont sous-performé l'ensemble du marché au deuxième trimestre, et ce n'est pas la première fois : Goldman a également bataillé ferme au premier trimestre lorsqu'elle est entrée du mauvais côté du « Trump trade ».

La banque américaine sait qu'elle a du pain sur la planche et a identifié ses problèmes. Au cours de la conférence téléphonique accompagnant ses résultats du deuxième trimestre, le CFO Marty Chavez a déclaré que la banque cherchait déjà des moyens de renforcer sa clientèle corporate afin de générer des revenus de trading fixed income plus stables.

Susan Roth Katzke, analyste chez Credit Suisse, indique que Goldman a pris une longueur d'avance. Après avoir rencontré les dirigeants seniors de la banque, elle affirme que Goldman est en train de construire la franchise de cash credit trading, de développer ses activités de prêts et de debt capital markets, d'investir dans les marchés émergents et cherche à développer ses activités de trésorerie et de cash management.

Parallèlement à cela, les desks macro sous-performants de Goldman, historiquement axés sur les clients de hedge funds, semblent quelque peu vulnérables. Cependant, Marty Chavez a déclaré fin juillet que Goldman avait réussi à réduire ses effectifs.

J.P. Morgan : continue de recruter des « banquiers » / investit toujours dans la technologie / succès du machine learning

Alors que d'autres banques affirment qu'elles ont fini de réduire les coûts, J.P. Morgan, elle, l'a vraiment fait. Et cela n'est sans doute qu'un début étant donné que les bénéfices de la BFI ont diminué de 25% par rapport au deuxième trimestre de l'année précédente.

Lors de la conférence téléphonique accompagnant les résultats du deuxième trimestre, la CFO Marianne Lake a déclaré que la banque avait augmenté de 7% ses dépenses globales au deuxième trimestre du fait qu'elle ait continué d'investir dans les banquiers et la technologie. Une croissance supplémentaire des dépenses est à prévoir.

J.P. Morgan avait indiqué précédemment qu'elle voulait ajouter 200 personnes au Moyen-Orient et en Afrique cette année, incluant les banquiers d'investissement. Le prime brokerage est un domaine favori pour l'investissement chez J.P. Morgan, de même que les actions. Les quants vedettes de J.P. Morgan ont également développé un algorithme de machine learning susceptible d'écarter de nombreux traders actions de la banque.

Morgan Stanley : toujours à la recherche d'efficience / pas de grands plans de recrutement

En dépit d'une excellente année de vente et de trading, Morgan Stanley reste absorbée par la réduction des coûts. La banque est impliquée dans son "project streamline", une initiative lancée l'an dernier et comprenant l'utilisation de l'automatisation des processus robotisés "pour consolider le support technique". Le CFO Jonathan Pruzan a déclaré que ce serait la feuille de route de la banque pour le reste de 2017 et qu'elle était en bonne voie pour boucler le programme début 2018. Malgré l'initiative de réduction des coûts, les coûts hors rémunération de la banque ont augmenté d'environ 300 M$ cette année, du fait de l'augmentation des coûts technologiques.

SocGen : les activités de marché marquent le pas / mise en place d'une nouvelle organisation de gouvernance opérationnelle

En présentant ses résultats début août, SocGen n'a pas fait de commentaires sur ses plans de recrutement. Tout au plus sait-on que la banque « prépare activement la nouvelle étape stratégique qui sera présentée en novembre prochain, en s’appuyant sur la nouvelle gouvernance du Groupe mise en place dès septembre », a ainsi déclaré son directeur général Frédéric Oudéa en commentant les résultats du premier semestre 2017.

En attendant, les recrutements ne devraient pas se bousculer dans les activités de marché. Alors que BNP Paribas et Natixis ont vu les revenus liés aux produits actions et dérivés bondir de 25% et de 33% respectivement, la banque au logo rouge et noir était en recul de 3,3%. Cependant, SocGen a aussi fait mieux que BNP dans les activités de taux, crédit, changes et matières premières avec une baisse de 6,8% contre un recul de 15,9% pour sa grande rivale, rappelle Reuters.

UBS : la réduction des coûts est (presque) terminée / recrutements en Chine / ajout éventuel de banquiers M&A et recrutements à la marge de macro-traders

Comme Deutsche et Barclays, UBS a théoriquement fini de réduire les coûts dans sa banque d'investissement. Le CEO de la banque d'investissement, Andrea Orcel, a déclaré que la réduction des coûts était terminée en octobre dernier. Le ratio coût / revenus dans la banque d'investissement d'UBS était de 78% au premier semestre 2017, la banque s'étant fixé un objectif de 70% à 80%. Cependant, le nouveau CFO Kirt Gardner a déclaré fin juillet aux investisseurs que l'UBS dans son ensemble était désormais « dans le dernier kilomètre » de son programme de réduction des coûts et qu'il n'y avait pas de projet d'en mettre en œuvre un nouveau l'an prochain, même si la rationalisation n'est pas terminée : Kirt Gardner a déclaré que l'UBS cherchait constamment des opportunités pour « mettre en œuvre la robotique et la numérisation automatisées ». Il est toujours intéressé par le concept de fonctions d'opérations d'outsourcing, tel que décrit par le CEO Sergio Ermotti dans le passé.

Si UBS recrute, ce sera surtout dans la technologie. Il est également probable que ce soit en Chine, où la banque a récemment obtenu une licence de gestion de fonds privée qui lui permettra d'offrir des produits d'investissement onshore à des investisseurs institutionnels chinois très fortunés. Moins urgent, UBS reste également intéressée par l'embauche de «bons» banquiers M&A et a réussi à reconstruire en douceur son trading macro.

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AUTEURSarah Butcher et Thierry Iochem

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