Brexit : quelles opportunités pour les financiers français si les banques américaines choisissaient Paris
Les banques américaines seraient-elles en train de tomber sous le charme de Paris ? En tout cas, cet automne, pratiquement plus une semaine ne se passe sans qu'un établissement financier américain pousse ses pions un peu plus en avant dans la capitale française. Petit récapitulatif : le mois dernier, le géant américain de l'assurance Chubb annonçait choisir Paris pour son nouveau siège européen post-Brexit.
Fin septembre, on apprenait que Bank of America (BoA) serait en train de négocier l’acquisition d’espace de bureaux à Paris afin d’y transférer une partie de ses opérations de trading dans le sillage du Brexit, tandis que Citigroup demandait une licence en France pour ses activités de marché, selon le patron de la banque américaine pour l'Europe. Enfin, mi-octobre, on découvrait que JPMorgan voulait se renforcer à Paris.
« Les efforts de Matignon et Bercy commencent à générer les premières retombées positives. Cependant la plupart des acteurs avancent à pas mesurés, compte tenu de la lenteur des négociations post Brexit », relève Olivier Coustaing, associé au sein du cabinet de chasse de têtes Alexander Hughes et basé à Paris. « Je constate néanmoins un certain dynamisme du côté de JP Morgan, Citi et BoA, ainsi que de certaines institutions japonaises ».
Un impact sur l'emploi plus ou moins limité
Si tous ces mouvements devaient se concrétiser, la question est de savoir quelles opportunités cela pourrait représenter pour les financiers français en termes de recrutements. Concernant Chubb, qui emploie actuellement 300 collaborateurs dans l'Hexagone, on ignore à ce stade le nombre d’emplois susceptibles d’être relocalisés depuis Londres.
Chez Citigroup, le Brexit ne devrait au final affecter que 100 à 200 postes, et seule une partie d'entre eux pourrait être transférée vers Paris, les autres postes allant vers les principales implantations de la banque en Europe, comme Francfort, Luxembourg ou Milan. Concernant JP Morgan, une soixantaine de financiers devraient rejoindre d'ici mai 2019 le bureau parisien place Vendôme qui compte déjà 250 banquiers d’affaires, spécialistes des marchés et de gestion de fortune, selon des confidences de son CEO Jamie Dimon en marge des réunions d’automne du FMI et de la Banque mondiale.
Si chez Citi et JP Morgan les transferts de postes se chiffrent en dizaines, ils pourraient se compter en centaines chez BoA. La banque américaine qui prévoyait initialement de transférer environ 300 postes de trading sur Paris, pourrait au final en accueillir près d’un millier ! La prudence reste néanmoins de mise du fait que BoA n'ait pas souhaité commenter l'information, notamment en raison d'un débat interne en son sein quant au futur point de chute des traders.
Rester sur le qui-vive !
« Les opportunités pour les financiers de l’hexagone sont déjà présentes, aux échelons juniors à confirmés, mais le volume total sera sans doute plus modéré qu’espéré, car le rééquilibrage entre la City et les autres places européennes prendra du temps », prévient d'ailleurs Olivier Coustaing. Avant d'ajouter : « Il est néanmoins opportun de rester en éveil car les fenêtres de tir seront courtes ! ».
Sans oublier une concurrence redoutable, celle des expatriés français de la City de Londres qui seraient tentés de rentrer au bercail pour la circonstance. « La majorité des établissements préfèrent recruter des jeunes banquiers (analyst 2-3 ou associate 1) de Londres plutôt que des Parisiens, car la capitale britannique est encore considéré comme LE passage obligé pour avoir une excellente formation », relève un analyst en banque d’investissement travaillant à Paris. Vous voici prévenu !
Crédit photo : DKart / gettyimages