Comment la place financière suisse entend rester compétitive ces prochaines années
Rester à la pointe. Tel était le thème retenu par l’Assemblée générale 2017 des banques en Suisse qui s'est tenue mi-septembre et a réuni des représentants des banques incarnant au plus haut niveau les domaines d’activité Private Banking, Asset Management, Retail Banking et Capital Markets. Car si les banques helvètes affichent une solide compétitivité et se distinguent par leur capacité d’innovation, leur professionnalisme et leur qualité, elles doivent disposer de conditions-cadres leur permettant de déployer avec succès leurs stratégies d’affaires à horizon 2020-2025.
C'est pourquoi l’Association suisse des banquiers (ASB) qui entend jouer un rôle de précurseur en ce qui concerne ces conditions-cadres de demain, a défini trois grandes lignes directrices pour une place financière suisse prospère et compétitive sur la scène internationale. Car si de nombreux classements placent la Suisse dans le peloton de tête, certains donnent à réfléchir, comme par exemple l’indice 'Ease of Doing Business' de la Banque mondiale où la Suisse se situe au... 31ème rang. « Presque toutes les grandes places financières mondiales nous devancent nettement », déplore Claude-Alain Margelisch, CEO de l'ASB.
Tenir compte de la compétitivité dans les projets réglementaires
Première ligne directrice : exiger la prise en compte systématique des aspects liés à la compétitivité dans tous les projets réglementaires concernant le domaine bancaire. « Nous n’avons pas besoin d’un Swiss Finish, mais d’un Swiss Way », affirme ainsi Herbert J. Scheidt, président de l’ASB. « La réglementation doit miser sans états d’âme sur la compétitivité et exploiter les marges de manœuvre dont dispose la Suisse par rapport à l’étranger ». C’est en effet surtout dans les banques que se trouve le savoir-faire permettant d’évaluer les projets, pas au sein des autorités.
« Nous ne pouvons être compétitifs que si la réglementation est mesurée et différenciée. Elle doit en outre être mise en oeuvre au même rythme que chez nos concurrents et générer des coûts supportables », précise Claude-Alain Margelisch, CEO de l'ASB. Et de citer des dossiers d'actualié comme la Loi sur les services financiers (LSFin), la Loi sur les établissements financiers (LEFin) ou la mise en oeuvre de l’échange automatique de renseignements.
Reconnaître l’équivalence des lois suisses... dans le domaine financier
La deuxième ligne directrice a pour nom... ouverture. L’ASB défend les marchés ouverts dans une perspective libérale et exige, d’une part, que la Suisse ait accès au marché de l’UE et, d’autre part, que l’équivalence dans le domaine financier soit reconnue avant d’entamer des négociations sur une nouvelle contribution à la cohésion. La Suisse n’est pas n’importe quel Etat tiers, des liens extrêmement étroits la lient à l’Europe et elle est depuis des décennies un fidèle partenaire de l’UE.
L’ouverture, c’est également ouvrir des portes à l’étranger pour promouvoir de nouvelles relations d’affaires, de nouveaux modèles d’affaires. « Les banques suisses sont un interlocuteur intéressant pour la Chine, nous sommes en train d’intensifier le dialogue et de lancer des projets concrets afin de développer ce marché pour nos membres », indique à titre d'exemple Herbert J. Scheidt.
Cap sur l’innovation
La troisième ligne directrice enfin, c’est l’innovation : avec ses membres, l’ASB discute activement des tendances auxquelles la transition numérique donne lieu dans le secteur bancaire. A cet effet, elle a institué l’été dernier un groupe d’experts qui s’attache à analyser jour après jour l’adéquation des conditions-cadres existantes au regard de ces évolutions.
« Le Conseil fédéral, en édictant la réglementation Fintech, a fait un premier pas important que nous saluons vivement. Le numérique reste un défi de taille pour les banques. Aussi devons-nous poursuivre notre travail en vue de mettre en place des conditions-cadres optimales pour l’innovation », conclut Herbert J. Scheidt.
Crédit photo : ASB