Une nouvelle bonne raison pour que les banquiers de la City déménagent vers Paris après le Brexit
Imaginez le temps d'une seconde un monde dans lequel vous pourriez, si vous le souhaitez, faire un break dans votre carrière bancaire une fois tous les cinq ans et être grassement payé par l'État pour réaliser votre rêve consistant à monter une startup fintech, une salle de gym ou bien un service de livraison de plats à domicile.
Bienvenue dans la France de (l'ex-banquier) Emmanuel Macron, où une réforme de code du travail est en cours pour permettre aux salariés mécontents de quitter leur job et de se réorienter vers de nouvelles carrières tout en pouvant percevoir jusqu'à 74.000 euros par an (soit 6.200 euros par mois) d'allocations chômage.
Cette mesure figurait parmi les premières propositions du candidat Macron au début de la campagne présidentielle et fait partie de son train de réformes visant les prestations de chômage. « Tous les cinq ans, tout le monde aura le droit - s'il le désire - de démissionner pour changer de carrière ou développer son propre projet professionnel », déclarait ainsi Macron en décembre dernier. Un porte-parole du parti En Marche a clarifié la mesure pour Le Figaro, affirmant que l'objectif était d'atteindre les employés ayant un « sentiment d'inutilité » dans leur entreprise et de leur donner une deuxième chance de se recycler tout en pouvant prétendre aux prestations chômage.
Les allocations chômage françaises sont particulièrement généreuses. Représentant 70% du salaire antérieur (plafonné à environ 74k€) pour une durée allant jusqu'à deux ans, elle sont suffisamment confortables pour convaincre les seniors associates et les vice-presidents ayant des aspirations entrepreneuriales à quitter la banque d'investissement et réaliser leurs rêves. Rien de tel à Londres, où la suppression par un gouvernement travailliste des avantages fiscaux actuels consentis aux entrepreneurs est une menace prise au sérieux.
Les banquiers juniors qui migreront de Londres vers Paris ne le feront donc pas uniquement pour la beauté de l'architecture. Une certaine inquiétude règne en France autour du plan de Macron et de sa faisabilité, mais pour le moment le président de la République s'est défendu en précisant que les indemnités de licenciement seraient limitées aux personnes ayant des « projets sérieux » (excluant ainsi ceux qui souhaitent simplement démissionner). Étant donné que presque tous les banquiers juniors et de rang intermédiaire ont un projet, il est peu probable que cela les décourage de venir tenter une nouvelle vie professionnelle à Paris.
Photo credit: Bienvenüe Paris by Magdalena Roeseler is licensed under CC BY 2.0