Les banquiers d'investissement français sous-payés et frustrés ?
Les banquiers d'investissement français seraient-ils sous-payés et frustrés, notamment par rapport à leurs homologues britanniques, allemands voire italiens ? Tout porte à le croire selon la dernière enquête publiée ce matin par le site de benchmarking de salaires dans le secteur financier Emolument.com sur la base de l'analyse de 4.475 salaires et bonus de banquiers travaillant à Londres, Paris, Francfort et Milan.
Principal constat : les villes européennes se situent loin derrière Londres en terme de rémunération. Ainsi, si les banques londoniennes devaient déplacer leur main-d'œuvre vers d'autres villes européennes dans le sillage du Brexit, les packages moyens de rémunérations diminueraient fortement, en particulier pour les grades d'analyst à managing director où la capitale britannique offre les meilleurs salaires et bonus du marché.
Certes, à Paris, les bonus versés peuvent représenter jusqu'à 49% de la rémunération totale d'un managing director et sont deux fois plus élevés qu'à Francfort pour les vice presidents (VP's). Mais ces derniers peuvent toucher dans la capitale financière allemande des salaires fixes bien plus élevés qu'à Paris. S'agissant des analysts et des associates, c'est aussi Francfort qui offre les niveaux de rémunération les plus élevés après Londres, tandis que Paris devient nettement plus attrayante pour les niveaux VP, director et MD.
Au-delà de la rémunération, Emolument s'est attaché à sonder 1.065 banquiers travaillant à Londres, Paris, Francfort et Milan pour savoir ce qu'ils pensaient de leur lieu de travail. Résultat : c'est Francfort la mieux placée quand il s'agit d'offrir aux banquiers le meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle (70% des répondants), devant Milan, Londres... et Paris.
C'est aussi Francfort qui truste la première place concernant la corrélation entre rémunération et performance, tandis que Londres demeure la ville où les entreprises sont jugées les plus ouvertes d'esprit. Dans ces conditions, guère étonnant que Paris soit la ville où les employés sont les moins motivés : 47% seulement se disent prêts à s'investir à 110% chez leur employeur, contre 75% à Francfort. Vous avez dit frustré ? Cela dit, des marges d'amélioration sont possibles...
« Ce qui ressort dans le secteur bancaire, c'est la conviction que la rémunération n'est pas liée à la performance », commente Alice Leguay, cofondatrice et directrice marketing chez Emolument. « L'opacité du paiement des bonus a créé une forte méfiance envers les processus de récompense, ce qui explique pourquoi nous croyons en la transparence des rémunérations: les employés doivent non seulement savoir où ils se situent en termes de rémunération, mais aussi mieux expliquer la corrélation entre leur salaire et leur performance ».
Crédit photo : kieferpix / gettyimages