Les compétences pour décrocher un job bien payé en compliance
En plein essor, la fonction de conformité (compliance en anglais) fait l'objet d'une demande croissante de la part des banques où les effectifs affectés à cette fonction ont été multipliés par quatre depuis 2005. Aujourd’hui, les établissements bancaires se préparent à un nouveau renforcement des exigences de fonds propres (Bâle 3), se soumettent à des exercices de stress tests, et réévaluent la portée et les limites de leurs modèles d'évaluation des risques et l'efficacité de leur contrôle interne.
Conséquence : « les fonctions transverses sont très sollicitées par les banques sur les expertises liées au risque (conformité, risque opérationnel, risque de marché) pour faire face à la multiplication des normes règlementaires », rappelle Amaury la Clavière, chasseur de têtes chez Mind Partners.
Voici donc les compétences requises pour augmenter vos chances d’être embauché et maximiser votre salaire annuel, sachant que le salaire d'embauche d'un responsable conformité se situe aux environs de 40 k€ et qu’au bout de quatre ans d'expérience, un jeune spécialiste conformité peut escompter un fixe de 55 à 60 k€, avant d’atteindre pour les meilleurs d’entre eux la fatidique barre des six chiffres annuels en milieu de carrière.
Pour les juniors, être issu d’une formation spécialisée
Recrutant le plus souvent des candidats dotés d'une certaine expérience, les métiers de la conformité restent dans les faits difficilement accessibles aux moins de 30 ans. C’est pourquoi il peut être intéressant de se spécialiser le plus en amont possible, dès les bancs de l'université. D'autant plus que pour faire face à la demande de talents, un certain nombre de formations tout ou en partie dédiées à la compliance ont vu le jour ces dernières années dans l’Hexagone.
C’est le cas par exemple du Master pro Banque-Finance-Assurance spécialité gestion d’actifs, contrôle des risques et conformité, développé par l’université de Caen. Ou bien encore du Master 2 Contrôle des risques bancaires, sécurité financière et conformité. Cette formation en alternance réunit l'Université de Paris 1 et le centre de formation de la profession bancaire (CFPB). « Le taux de placement des diplômés est excellent. Les diplômés de la formation sont recrutés au sein des départements de risques, de la conformité, de l'inspection générale des établissements ou encore par de grands cabinets d'audit ou de conseil », indique sa directrice Jézabel Couppey-Soubeyran.
Des compétences et qualités multiples
N'est pas compliance officer qui veut. « Ce métier exige de multiples compétences : une bonne connaissance des réglementations et une veille permanente en ce domaine, une approche transversale des métiers de la banque, une bonne maîtrise de la cartographie des risques, des outils de contrôle opérationnels et permanents, ainsi que des missions d’analyse et de contrôle réglementaire », poursuit Jézabel Couppey-Soubeyran.
Au delà des compétences et du savoir-faire, les recruteurs sont particulièrement attentifs au savoir-être des candidats. « Les qualités requises sont la rigueur, la curiosité, le sang froid, des capacités d'analyse et de synthèse », complète Jézabel Couppey-Soubeyran.
Avoir un bagage juridique, entre autres….
En plus d'une solide formation en économie financière, la fonction exige une bonne maîtrise de l'anglais ainsi que des compétences juridiques. « Il faut être capable de rédiger de la documentation, d’adapter des textes, de mettre en place des procédures voire de les réajuster en cas de besoin. Un parcours juridique constitue donc un élément fondamental », confirme Amaury la Clavière.
Si l’on trouve des compliance officers avec une formation supérieure juridique, certains sont aussi dotés d’un diplôme d’école de commerce ou encore d’école d’ingénieur. Il faut dire que les recruteurs apprécient particulièrement les double cursus. « Un CV qui offre un double parcours risque/contrôle, entre la BFI et les régulateurs est le bienvenu », précise-t-on chez Vendôme Associés. En rapport avec l’application des normes, la simple évocation d’une expérience en audit interne peut également attirer l’attention des recruteurs.
Bien connaître les arcanes de la banque
« Le compliance officer étant en interaction quotidienne avec les métiers, un vécu en tant qu’opérationnel en banque peut apporter une meilleure compréhension des problématiques rencontrées par les lignes métiers », poursuit Amaury la Clavière.
Si vous voulez devenir compliance officer en banque d’investissement et intervenir sur les risques de marché, où les salaires sont généralement les plus élevés que pour les risques opérationnels ou stratégiques, alors une expérience en front-office ne sera pas de trop. Le cabinet Vendôme Associés constate une demande récurrente de ‘quants risques de marché’ expérimentés. Vous l'aurez compris, la demande est bien là mais la sélection reste rude.
Maîtriser son domaine sur le bout des doigts
D’après les recruteurs en finance, un bon CV doit mettre en avant votre maîtrise de la partie réglementaire selon le secteur d’activité où vous postulez : Bâle 3 pour les banques, Solvency 2 pour les assurances ou encore réglementation AMF pour la gestion d’actifs. Car la compliance est une matière on ne peut plus vaste. Chez BNP Paribas, par exemple, la compliance recouvre le « Know Your Customer » (KYC), la sécurité financière groupe, la protection des intérêts des clients, l’intégrité des marchés et l’éthique professionnelle.
Si les petites banques visent des profils plutôt généralistes, les grandes banques recherchent souvent des spécialistes, dans la sécurité financière ou le blanchiment par exemple. Au Crédit Agricole, « le compliance officer sécurité financière est au cœur du dispositif de la lutte anti-blanchiment et contre le financement du terrorisme (LAB-FT). À ce titre, il assiste les métiers, notamment les chargés d’affaires, dans les situations où le risque LAB-FT est élevé », précise la banque.
Inutile de préciser que celui qui ne maîtrise pas son sujet n’a aucune chance d’être retenu. A contrario, « les candidats maîtrisant parfaitement la réglementation, les métiers supervisés et possédant une excellente communication pédagogique devraient pouvoir trouver des évolutions de carrière en France ou à l’international », d’après l’analyse d’Olivier Gelis, directeur général de Robert Half France. L'excellence a un prix.
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