La femme française la plus célèbre en banque d'investissement sur le départ
Goldman a annoncé ce lundi qu'Isabelle Ealet, 55 ans, co-responsable mondiale de la division titres, quittera la banque le mois prochain dans le cadre d'un remaniement plus important à venir. Faut-il encore présenter celle que l'on surnommait la reine des commodities et qui figure parmi les financiers français les plus influents de la City de Londres ?
Diplômée de l’ESC-Marseille et Sciences Po-Paris, Isabelle Ealet a débuté sa carrière à la fin des années 80 chez Total où elle a commencé à acheter du gasoil et de l’essence pour les raffineurs de l’entreprise. Et parce qu’elle avait soif de voyages, la dimension internationale de l’industrie pétrolière l’a aussitôt séduite. C’est en 1991, à l’âge 25 ans, qu’elle traverse la Manche pour rejoindre Goldman Sachs comme trader sur produits pétroliers. Elle gravit rapidement les échelons, devenant managing director en 1997, associée en 2000 et responsable mondiale des Commodities en 2007.
Depuis 2012, Isabelle Ealet était co-responsable de la “Securities Division” qui regroupe les activités fixed income, devises et actions qu’elle dirige depuis Londres. En 2016, elle rejoint également le conseil d'administration de Goldman Sachs International en tant qu'executive director, consolidant ainsi sa réputation comme l'une des femmes avec le degré de séniorité le plus élevé au sein de la banque américaine.
Une page qui se tourne
Son départ intervient alors que Goldman Sachs est en train de réorganiser la direction de son pôle de trading. Un autre départ a d'ailleurs été annoncé : celui de Pablo Salame, co-responsable lui aussi de la division titres qui n'aura désormais plus qu'un responsable à sa barre en la personne de Ashok Varadhan. Plutôt inattendu au sein d'une banque qui préfère généralement les directions, rappelle L'Agefi.
Surtout, le départ de celle que l'on surnommait la reine des commodities marque ainsi la fin d'une époque, celle des banquiers vedettes qui depuis la fin des années 90 jusqu'au milieu des années 2000 ont mis en place de puissantes divisions matières premières parmi les plus rentables de Wall Street, comme ce fût le cas pour Colin Bryce chez Morgan Stanley, Benoit de Vitry chez Barclays Plc ou Danny Masters chez JPMorgan Chase & Co., rappelle l'agence Bloomberg.
Pour sa part, Isabelle Ealet a dirigé pendant des années une division qui réalisait régulièrement plus de 3 milliards de dollars de revenus nets par an. Même si elle n'a pas supervisé quotidiennement le marché des matières premières depuis qu'elle a été promue co-responsable des titres en 2012, elle y est restée étroitement associée. Cependant la rareté de ses apparitions sur le trading floor ne manquait pas de susciter quelques critiques en interne.
La culture du résultat
Quoiqu'il en soit, l'âge d'or du trading matière premières semble bel et bien révolu, Goldman Sachs ayant enregistré cette année sa plus mauvaise performance dans sa division commodities depuis son introduction en Bourse il y a plus de deux décennies ! Il faut dire que la réglementation accrue a rendu plus difficiles les conditions de trading de matières premières. Cela dit, Goldman Sachs a indiqué avoir amélioré au premier trimestre 2018 la performance de sa division commodities, cette dernière étant celle qui a le mieux performé parmi ses activités FICC.
Réputée pour sa discrétion, Isabelle Ealet n'a pas souhaité commenter son départ. « Ce que j’apprécie le plus, c’est la culture du résultat. Chez Goldman Sachs, on est jugé sur sa performance, pas sur ses relations ou ses diplômes. C’est plus juste », explique-t-elle dans l’une des rares interviews qu’elle a accordée en 2004 au magazine L'Expansion. Un point de vue plutôt visionnaire...
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