Pourquoi les jobs dans la compensation de dérivés vont se multiplier en France ?
A l'heure où certains entendent faire de Paris le centre post-brexit de la compensation (clearing en anglais) des produits dérivés sur les taux d’intérêt, Société Générale Corporate & Investment Banking vient de décider de poursuivre le renforcement de son offre dans ce domaine.
SGCIB a annoncé lundi vouloir compléter son offre marchés avec l’ouverture d’ici fin 2018, à Paris, d’une capacité de compensation pour compte de tiers sur les produits dérivés listés et de gré à gré (OTC) avec pour objectif de « se positionner comme un acteur de premier plan sur les activités de marchés en Europe », selon Frank Drouet, responsable mondial des activités de Marchés. La banque française n'a pas spécifié combien de personnes seraient recrutées ou bien transférées depuis Londres.
Plutôt un bonne nouvelle alors que les offres d'emplois liés à la compensation se comptent généralement sur les doigts d'une main pour chaque établissement bancaire de la place parisienne. Et pour cause : le clearing des euro-dérivés se fait essentiellement à partir du Royaume-Uni. En attendant le Brexit, un certains nombre de jobs (ex , quants, risques....) souvent méconnus gravitent autour de la compensation dans l'Hexagone.
Des métiers plus intéressants qu'il n'y paraissent...
Si à première vue certains emplois liés au clearing peuvent sembler rébarbatifs, ils peuvent constituer « une étape intéressante pour démarrer une carrière qui pourra évoluer rapidement vers des fonctions aux responsabilités plus étendues dans les fonctions connexes aux activités de marché ». Tel est en tout cas la promesse faite par SG CIB pour un poste d'acheteur au sein de son Pôle Trading Fees qui couvre notamment les services clearing et custody.
Mais aucune place à l'improvisation : le candidat à ce poste devra disposer d'une expérience de 5 à 8 ans lui ayant permis de développer une parfaite connaissance des processus pré-trade / trade / post trade, ainsi que des acteurs du processus trade (ex : marchés réglementés, MTF, OTF, chambres de compensations...).
Même niveau d'exigence chez BNP Paribas qui, pour une offre d'emploi d'analyste quantitatif dans son équipe RISK I2S Market Infrastructures (composée de 12 personnes dont 7 à Londres, 3 à Paris plus des analystes CCPs en Asie et à New York), recherche un candidat justifiant de 5 années d’expérience en tant qu’analyste quantitatif – risque de marchés, idéalement, avec une première expérience déjà acquise en chambre de compensation.
Parmi ses missions : analyse d'algorithmes d'appels de marges des chambres de compensation (CCP), analyse de portefeuilles risque, participation aux due diligence portant sur les chambres de compensation ou autres infrastructures de marche nécessitant une analyse quantitative. Bref, un job relativement varié et qui fait la part belle au relationnel.
Des profils amenés à se développer
Signe du dynamisme de cette activité, Crédit Agricole CIB a choisi cet été d’externaliser son back-office dérivés listés. « En confiant à CACEIS la compensation et le traitement back office de nos dérivés listés, nous bénéficions d’une large couverture en matière de marchés et de sous-jacents :actions, indices, dividendes, taux, FX, matières premières… », explique Eric Lechaudel, directeur des opérations de CACIB.
Les cabinets conseil sont eux aussi en quête de ces talents (à l'image de One Point qui recherche actuellement un consultant post-marché MOE à Paris) de même que l'Autorité bancaire européenne (EBA) qui recherche un senior business analyst pour son activité clearing en passe d'être déménagée à Paris. Sans oublier les chambres de compensations elles-mêmes comme LSE qui début 2019 centralisera les contrats de financement à court terme dans son unité française LCH SA.
Enfin, les évolutions réglementaires vont doper les besoins. Depuis juin 2016, l’obligation de compensation des dérivés OTC imposée par la réglementation EMIR est montée progressivement en charge pour une large partie des contreparties financières. Elle devient réalité le 21 décembre 2018 pour les contreparties de catégorie 4 et le 21 juin 2019 pour celles de catégorie 3, deux ans après la date initialement envisagée.
« L’enjeu est important car un grand nombre d’intervenants sur les dérivés OTC ne traitent pas nécessairement d’opérations sur les dérivés listés et ne sont donc pas familiers du processus de compensation », explique Florence Besnier, business developpement manager chez Caceis investor services. « Ils doivent par conséquent revoir leurs modèles transactionnel et opérationnel : échange systématique de collatéral, gestion des appels de marge, etc. ».
Bref, du travail en perspective... « Les professionnels véritablement capables d’assurer de la liquidité dans le trading des produits dérivés sortiront vraiment du lot », anticipe ainsi un recruteur en finance basé à Paris.
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