Les traders des BFI françaises doivent-ils mieux gérer leurs vacances ?
Trois semaines seulement après une perte de 260 millions d'euros chez Natixis en Asie, BNP Paribas aurait vu s'envoler 80 millions de dollars aux États-Unis dans le cadre d'opérations de dérivés liées à l'indice boursier des valeurs américaines S&P 500, selon des sources proches citées par l'agence Bloomberg. Le porte-parole de BNP à New York, Ilias Catsaros, n'a pas souhaité commenter l'information.
Ces accidents de marché en série des banques françaises seraient-ils liés à une mauvaise gestion des traders de leurs vacances ? Tout porte à le croire. En effet, la plupart des pertes ont eu lieu sur quelques jours, pendant les vacances de Noël tandis que les marchés américains connaissaient une forte volatilité.
Ainsi, Antoine Lours, le responsable du trading sur les indices américains, basé à New-York n'est pas revenu à son poste depuis les vacances de Noël, rapporte une source citée par Bloomberg. Est-ce la fatigue qui l'a conduit a prendre précipitamment des vacances et ne pas être là lorsque le marché était chahuté ? A noter que son profil Linkedin n'est plus accessible.
Un métier "prenant"
Le fait n'est pas nouveau. « Comment le management de Jérôme Kerviel a t-il pu fermer les yeux sur le fait qu’il ne prenne jamais un jour de vacances ?», s’indignait George Castel, directeur des études de l’ESLSCA, après que l'affaire eut éclaté. Depuis, les banques françaises – mais aussi étrangères - ont pris des dispositions pour vérifier que les traders prenaient bien des jours de vacances, via notamment des mesures incitatives envers les juniors pour alléger les horaires de travail.
Il est vrai que travailler en salle de marché n’est pas un exercice de tout repos. Stress, rapidité, pression, montants échangés en millions, le droit à l’erreur n’est pas permis. Cela dit, les traders ont des emplois du temps plutôt classiques (9h-17h) par rapport aux vendeurs qui souvent doivent honorer des invitations clients tard le soir voire le week-end. Sans parler des professionnels du M&A, champions toutes catégories des horaires à rallonge.
Il n'empêche, le job de trader en lui-même est assez "prenant". Surtout que, décalages horaires obligent, les marchés boursiers ne dorment jamais. Avant leur journée de travail, grande est la tentation pour les traders de regarder en direct sur leurs smartphones la séance des bourses asiatiques qui clôturent à 7 heures du matin, heure française, et après leur journée de travail enchaîner sur les bourses américaines qui clôturent à 22 heures, toujours heure française.
Les heures de sommeil sont donc courtes. D'ailleurs, un trader d'une banque française reconnaît à demi-mots qu'il a "du mal à décrocher" les yeux de ses écrans par "peur de passer à côté du trade de l'année" pour cause d'absence. D'où la tentation pour certains de concentrer toutes leurs vacances sur une même période (ex : trois semaines pendant les vacances de Noël) afin de décrocher pour de bon et se reposer. Avec désormais le risque que l'on connaît...
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