Ces banquiers de BNP et SocGen susceptibles de toucher zéro bonus et d’aller voir ailleurs…
A présent que BNP Paribas et Société Générale ont publié leurs résultats pour l’année 2018, on y voit un peu plus clair sur les performances annuelles des deux banques françaises, notamment dans les activités de marché. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces dernières terminent plutôt mal l’année, au point que les deux banques ont annoncé vouloir faire des réductions de coût supplémentaires dans leurs BFI d’ici à 2020 à hauteur de 350 M€ pour BNP et 500 M€ pour SocGen.
Ces réductions de coûts sont étonnamment similaires à celles du bonus pool des deux banques. Ainsi, en 2017, le pool de bonus de la banque de financement et d'investissement de BNP s'élevait à 331M€, un chiffre proche des 350M€ qu’elle veut désormais économiser. Dans ces conditions, les deux banques françaises pourraient être tentées de faire fondre drastiquement l’enveloppe des bonus pour atteindre leurs objectifs. « Ce ne sera pas une bonne année pour les bonus des traders », a d’ores et déjà indiqué à Reuters William Kadouch-Chassaing, le directeur financier de la SocGen.
Dans ce contexte, grande est la tentation pour les banquiers concernés de partir. Même si les bonus ne seront versés que fin mars, certains n’ont pas forcément besoin d’être devins pour savoir qu’ils auront un bonus en baisse significative – ou pire, zéro bonus. Reste à savoir s’ils ont déjà pris les devants pour aller tenter de se faire recruter par la concurrence…
Des banques au régime sec
BNP Paribas pourrait distribuer des bonus en baisse (voir zéro bonus) à de nombreux traders de sa division global markets après avoir enregistré des pertes de trading et fermé certaines activités, ont récemment déclaré à l’agence Bloomberg des sources ayant souhaité garder l’anonymat car les discussions sur les salaires demeurent privées. D’après elles, « une majorité des membres du personnel travaillant dans le trading de taux et de crédits ne pourraient recevoir aucun bonus discrétionnaire ».
De son côté, SocGen envisage également de réduire considérablement le pool de bonus de ses traders pour la deuxième année consécutive. Les bonus vont probablement baisser de près de 25%, à l'instar du niveau de réduction d'il y a un an. Les conditions de marché difficiles au quatrième trimestre obligeront au moins la banque à réduire le pool de 10%, indiquent ces mêmes sources.
L’envolée de moineaux approche…
« Ce qui est certain, c’est qu’il y aura plus de mouvements que l’année précédente, et ce à cause des mauvaises performances des banques françaises dans les activités de marché », confirme un chasseur de tête parisien spécialisé en front-office, rappelant qu’en 2016 et 2107, les banques comme BNP et SocGen affichaient de biens meilleures performances dans ces métiers.
Et ce ne sont pas les plans de réductions de coûts qui vont les inciter à signer pour une année de plus. Certains pourraient donc être tentés de partir vers des établissements ayant moins souffert dans leurs activités de marché. Ce pourrait être vers CACIB comme l'a récemment fait un vendeur taux fixed income de SocGen à Londres.
Ou bien vers Natixis. Certes la filiale de BPCE a déjà émis un profit warning qui prévoit une baisse d’environ 10% sur le quatrième trimestre en raison de pertes dans son portefeuille de dérivés actions sur les marchés asiatiques, mais pour l’heure cet élément ne remet pas en cause les objectifs du plan stratégique New Dimension tels que présentés en septembre dernier et qui sont donc tous maintenus.
Les banquiers déçus pourront également et surtout se tourner vers les banques étrangères, d’autant plus qu’un certain nombre d’entre elles recrutent à Paris en prévision du Brexit, et notamment des professionnels des marchés. Par exemple, pour son bureau parisien, Bank of America Merrill Lynch recherche actuellement des vendeurs, des traders, des quants strats et des prime brokers.
Partir oui mais où ?
Enfin, certains feront peut-être tout simplement le choix de quitter le secteur bancaire. « Aujourd’hui, le plus gros des recrutements ne s’effectue plus dans la banque, mais dans les secteurs qui gravitent autour comme le conseil ou les prestataires de services financiers », observe Jean-Paul Brette, directeur exécutif chez Morgan Philips Hudson Executive Search à Paris.
Quoiqu’il en soit, le montant du bonus ne doit pas être le seul élément qui compte dans la décision d’aller voir ailleurs, surtout dans la banque. « Depuis la crise financière de 2008, les bonus ont baissé et depuis plusieurs années, la tendance est au "lissage" des bonus », rappelle Odile Couvert, dirigeante et fondatrice d'Amadeo Executive Search. « La différentiation au niveau des bonus étant moindre, les meilleurs candidats ont tout intérêt à négocier un salaire fixe élevé dès leur embauche ».
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