Voici les secteurs et métiers de la finance au top en France ce printemps 2019…
Le printemps est là et l'arrivée des beaux jours aussi. Mais qu'en est-il de l'emploi en finance ? A ce sujet, le cabinet de chasse de têtes parisien Vendôme Associés spécialisé dans les métiers de la finance vient de publier son baromètre Métiers & Tendances – Printemps 2019.
Comme nous l’avions fait pour le baromètre précédent, nous avons demandé à Denis Marcadet et Corinne Orémus, respectivement président et directrice générale déléguée de Vendôme Associés, de commenter en exclusivité les métiers ayant le vent en poupe en cette période de l'année, commentaires que nous avons complétés par d'autres témoignages ainsi que des exemples concrets…
BFI
Les activités de marchés au sein des BFI françaises subissent l’environnement difficile des marchés de capitaux mondiaux. L’enveloppe des bonus est en moyenne à la baisse ou au mieux « flat ». Les top performers ou éléments « clés » resteront choyés et bien traités. « Il n’y a encore pas eu de mouvements massifs liés aux bonus, ces derniers étant en cours de versement fin mars », indique Denis Marcadet.
Plus qu’une création ou recrutement massif d’équipes, l’effet Brexit initie principalement un déplacement (ou relocalisation) des forces vives sur leur marché local. « Des opportunités se dessinent tant dans les équipes de finance de marchés que de financements et coverage, mais les opportunités d’emplois liées au Brexit devraient surtout apparaître à partir du deuxième semestre 2019 », précise le fondateur de Vendôme Associés.
Enfin, les auteurs du baromètre observent quelques déplacements européens y compris sur des sujets réglementaires et normes. Cela dit, du fait qu’ils nécessitent des connaissances spécifiques au marché français, « les profils risques et compliance, plus difficiles à faire venir de Londres », rappelle Antony Labylle, consultant risques, compliance et régulation chez Huxley.
M&A
Le marché du mid caps est toujours dynamique avec des niches sectorielles notamment le M&A tech ou santé par exemple. « Nous constatons chez nos clients plus d’exigence au niveau de l’environnement métier avec une attente spécifique sur des profils qui conjuguent un double savoir-faire métier, exemple, médecin plus MBA en finance », relève Denis Marcadet.
Certaines banques ont procédé à un renouvellement des générations, laissant place à une nouvelle arrivée de MD aux postes clés. Toujours autant de difficultés à recruter au niveau Associates et VP, une classe sur sollicitée et peu encline à bouger pour faire le même métier.
Les boutiques M&A large caps et les banques anglo-saxonnes ont payé des bonus en ligne avec les attentes (et assez comparables à ceux de 2017), avec toutefois une tendance à une plus forte différenciation en fonction de la performance de chacun. Les banques françaises ont été moins généreuses, notamment en raison de la très faible activité de l’ECM qui a impacté les bonus en M&A.
PRIVATE EQUITY
Le marché continue de s’élargir et le métier restera en croissance sur les années à venir. Des fonds se créent, d’autres changent de noms. Les équipes évoluent ou se transforment. « Les directeurs d’investissements sont sur-sollicités, notamment les profils expérimentés, principalement ceux issus des métiers d’investissement par opposition à des transfuges de la banque », note Denis Marcadet. « Pas toujours facile de les débaucher car ils sont souvent liés par des carried interests ».
Et de rappeler que « les femmes sont les bienvenues dans ces fonctions où elles sont encore trop souvent sous-représentées ». Le baromètre fait également part de nouvelles pratiques émergent telles que l’impact investing ou l’investissement au capital de sociétés spécialisées sur les grandes transitions (ou « méga tendances») comme l’énergie, l’infra ou le numérique. « Les fonds n’hésitent pas à revisiter les modèles économiques traditionnels », souligne le président de Vendôme Associés.
A titre d’exemple, le fonds Citizen Capital, l’un des pionniers de l’impact investing, vient de lancer avec Allianz France un fonds early stage pour financer les premiers stades du développement des start-ups innovantes dont l’offre répond à des défis sociaux et environnementaux majeurs. Pour ce faire, Citizen Capital a recruté un directeur et une chargée d’affaires, et promu un directeur d’investissement.
ASSET MANAGEMENT
Vendôme Associés constate un début d’année durant lequel les équipes de gestion et les commerciaux ‘’digèrent’’ le dernier trimestre 2019. Les clients finaux également, d’où un certain attentisme. Les sociétés de gestion sont prudentes, les recrutements temporisés dans un souci de ne pas racheter les bonus. Un premier trimestre calme donc….
Les profils experts sur les fonctions supports sont rares, sur-sollicités, ils s’arrachent à prix d’or. Il fait bon être risk manager en fonds immobiliers ou infrastructures en Europe depuis deux ans. Une tendance nette de la part des commerciaux institutionnels à rejoindre des entités qui possèdent dans leur gamme des acteurs de «real assets». « Il y a toujours de nombreuses sollicitations de gérants londoniens qui souhaitent rentrer à Paris », observe Corinne Orémus, qui voit clairement là l’effet Brexit dans l’industrie de la gestion d’actifs.
PRIVATE BANKING
Au cœur des préoccupations et des investissements des directions de banque privée : être différenciant par un service haut de gamme (en contradiction parfois avec les conséquences de non remplacement des départs de banquiers et de portefeuilles clients trop lourds), proposer une offre sophistiquée en réponse aux demandes des clients, accélérer la digitalisation pour la nouvelle génération d’entrepreneurs.
Vendôme Associé n’a pas relevé de sujets majeurs de concentration sur le marché de la banque privée en France dernièrement. Des déploiements en province de pure player (Bordeaux, the place to be en 2019 avec l’arrivée de deux banques privées au moins). « Il y a toujours quelques mouvements de banquiers seniors vers des multi family offices et des recrutements opportunistes de bons développeurs », constate Corinne Orémus qui évoque par ailleurs « des projets d’implantation de nouveaux acteurs étrangers ».
CORPORATE BANKING
Les financements Entreprises sont restés sur des tendances en croissance avec de belles performances à 2 chiffres sur certains segments (Equipement classique, affacturage). Certains établissements souhaitant élargir leur part de marché ont été très moteurs, et ont renforcé leurs équipes en conséquence, quitte à tirer vers le haut certains salaires.
« Les banques étrangères sont de la partie, la recherche d’experts reste soutenue tant sur des profils en financements structurés où la tendance est à la croissance à deux chiffres, que sur ceux concernant les risques de crédit inhérents », précise Corinne Orémus. Résultat : les candidats bilingues ou mieux trilingues habitués aux coordinations avec des sièges à l’étranger sont favorisés.
Dans la lignée de la DSP 2, les services innovants en matière de paiements et de monétique sont très actifs. « Ce qui conduit à des recrutements d’experts techniques ou de commerciaux très courtisés, qu’ils travaillent en société de conseil ou en institutions financières. Les enjeux de cyber sécurité sont également intégrés à ces recherches », poursuit Corinne Orémus, citant par exemple la gestion des risques dans les néo-banques.
CONSEIL
Sur son site carrières, Deloitte propose actuellement une dizaine d'offres (consultant cyber-sécurité, compliance cyber-sécurité, manager cyber stratégie, manager cyber services, manager data protection...). Idem pour EY, PwC et KPMG avec une demi-douzaine d'offres chacun. « Les experts cybersécurité sont également très recherchés chez les Big four, mais là où les recrutements sont de loin les plus nombreux dans le conseil, ce sont dans les Financial Services », note Corinne Orémus.
Les acteurs de taille plus petite se montrent également très actifs. « En 2018, nous avons effectué 7 nouveaux recrutements dans le pôle Conseil Financier qui étaient tous des créations de postes », indique Emmanuel Conjard, associé du cabinet de conseil et d'audit BM&A, où il est responsable de la ligne transaction services, au sein du pôle Conseil Financier, qui compte une trentaine de collaborateurs.
Pour les profils de Managers et senior manager, la compétition pour recruter « du conseil au conseil » est encore rude… car souvent ils vont souhaiter rejoindre un cabinet de stratégie et non un autre cabinet de conseil de même nature. Or la plupart des cabinets de stratégie conservent leur standard de recrutement même en pénurie de profils…
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