Une banquière française senior parmi les premières victimes de Deutsche Bank…
Deutsche Bank a commencé lundi à supprimer des postes à travers le monde dans le cadre de sa vaste restructuration annoncée la veille et concernant un cinquième de ses effectifs dans le monde. S’il est trop tôt pour connaître l’impact de ce plan sur les activités de la banque allemande en France, celui-ci a déjà fait une victime française : Sylvie Matherat.
Cette dernière a rejoint Deutsche Bank en 2014 comme responsable mondiale des affaires gouvernementales et réglementaires. Son départ intervient en même temps que celui de deux autres membres du directoire, dont le patron du secteur, Garth Ritchie, qui a été remercié, de même que Frank Strauß, le patron de la clientèle privée, lui aussi sur le départ.
Titulaire d’un Master en droit et sciences politiques à l’IEP Paris, Sylvie Matherat a précédemment occupé divers postes au sein de l'Autorité de surveillance bancaire et dans le secteur privé avant de rejoindre la Banque de France comme directrice générale adjointe en charge des questions de réglementation et de stabilité financière, de la régulation des infrastructures et des paiements, des services bancaires et du projet Target 2 Securities.
Une banquière qui coûte trop cher ?
Si le départ de Frank Strauß est lié à des divergences stratégiques sur le plan de restructuration avec la direction de Deutsche Bank, celui de Sylvie Matherat avait déjà été largement anticipé puisque fin 2018 déjà, elle s’était subitement retrouvée sous le contrôle renforcé du CEO Christian Sewing, selon le Wall Street Journal. Pourtant les choses avaient plutôt bien commencé pour la Française, Paul Achleitner reconnaissant qu'elle avait su insuffler « une nouvelle culture de conformité et de risque ».
Sauf que depuis le groupe a subi un flux important d'amendes lié au caractère risqué de certaines activités passées. Celle qui depuis 2015 est en charge des dossiers de régulation et contrôles internes chez Deutsche Bank a manifestement fait les frais des multiples procédures judiciaires et litiges qui ont plombé la banque allemande. Cette dernière a d'ailleurs annoncé la création d'une «bad bank», pour y loger 74 milliards d'actifs jugés risqués, en particulier des dérivés d'échéance longue, produits financiers très spéculatifs.
Et puis il y a peut-être une autre raison au départ de Sylvie Matherat : le montant de sa rémunération. En tant que Chief Regulatory Officer et membre du directoire de Deutsche Bank AG, sa rémunération globale annuelle était supérieure à 3M$. Au sein de la banque allemande, seuls cinq banquiers affichent une rémunération supérieure, Garth Ritchie ayant la rémunération la plus élevée, soit 4,8M$. Ceci explique peut-être cela.
Photo: Tristan Bejawn, copyright eFinancialCareers
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