Les BFI françaises moins impactées par les réductions d’effectifs que leurs concurrentes européennes ?
A présent que les grandes banques d’investissement européennes ont toutes publié leurs résultats du troisième trimestre 2019, nous nous sommes penchés sur leurs plans de recrutements et de réductions d’effectifs dans les mois à venir. Les banques françaises sont-elles moins impactées par les réductions d’effectifs que leurs concurrentes européennes ?
A première vue, tout porte à le croire. Exception faite de SocGen engagée dans la suppression de 1.600 postes dans le monde dans sa division de banque de financement et d’investissement, les autres banques françaises semblent être épargnées. Natixis et CACIB ont plutôt bien résisté dans cette activité et même chez BNP Paribas, la réduction de voilure dans la BFI ne semble plus être d’actualité, du moins en France.
En comparaison, Deutsche Bank a annoncé 18.000 suppressions de postes dans le monde d'ici 2022, HSBC près de 4.000, Commerzbank 2.300 (en plus des 6.000 annoncés un an plus tôt), Santander 3.200 postes en Espagne et 1.270 au Royaume-Uni, CaixaBank 2.000 postes d'ici fin 2020, UniCredit 10.000 emplois qui, selon Bloomberg, s’ajouteraient aux 14.000 déjà supprimés en trois ans. Bref, des chiffres bien supérieurs aux 1.600 emplois supprimés chez SocGen.
Quelques cas particuliers….
Plus modérées dans les chiffres annoncés, les banques tricolores seraient-elles relativement épargnées ? « Elles profitent d’un modèle d’activité diversifié : elles ne sont certes pas épargnées par l’environnement de taux bas ou la concurrence de nouveaux canaux de distribution, mais elles ne subissent pas les effets de facteurs spécifiques significatifs qui les affecteraient plus que d’autres », rappelle dans la Revue Banque Laurent Quignon, responsable de l’équipe Économie bancaire de BNP Paribas.
Il tient d’ailleurs à mettre à part les « cas particuliers » que sont par exemple Deutsche Bank, Unicredit ou HSBC qui voient leurs activités affectées ou susceptibles de l’être par des facteurs spécifiques. D’après lui, Deutsche Bank n’est pas représentative des banques allemandes en raison de la prédominance de la banque d’investissement, dans son portefeuille d’activités, notamment aux États-Unis où elle avait fortement développé ses activités liées aux MBS, avant 2008.
Des spécificités françaises ?
Laurent Quignon rappelle en outre que le coût du risque des banques françaises se maintient à un niveau particulièrement bas. « Dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale, cela reflète non seulement la relative tenue de la croissance hexagonale (+1,2 % attendu en 2019) au regard de celle d’autres grands pays de la zone euro (+0,4 % en Allemagne, +0,1 % en Italie), mais aussi des critères d’octroi de crédit prudents, principalement fondés sur les revenus ».
Qui plus est, « la part des financements de marché étant plus élevée en France, les revenus bancaires pâtissent moins du renouvellement, à un coût inférieur, de leur dette financière par les corporates. Ces caractéristiques tendent à rendre les banques françaises légèrement moins vulnérables à ces effets ».
Sans oublier la législation française, plus contraignante en termes de licenciements. Les généreuses indemnités proposées par SocGen dans le cadre de son plan de départs volontaires sont là pour le rappeler. Dans ces conditions, guère étonnant que ce soient les équipes des BFI françaises basées à l’étranger qui soient les premières victimes de la réduction des coûts, comme certains desks de SGCIB à Londres par exemple.
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