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La nouvelle taxe sur les superprofits des banques en Italie sonne comme un avertissement pour les banquiers en France

La nouvelle taxe de 40% sur les superprofits des banques italiennes a sans doute constitué un choc pour Andrea Orcel, le facétieux banquier d’investissement à la tête de la banque italienne Unicredit.

À l’annonce, fin juillet, des résultats d’Unicredit pour le deuxième trimestre, avec une hausse de 90% de ses bénéfices sur an au premier semestre, rien n’indiquait l’apparition prochaine de cette nouvelle imposition et on avait toutes les raisons de croire que les choses ne pourraient que s’améliorer. « Les excellents résultats d’Unicredit sont la démonstration de la résilience non seulement de l’Europe, mais aussi des banques européennes, » déclarait alors Andrea Orcel. Unicredit constituerait une nouvelle « référence » pour le secteur bancaire européen, ajoutait-il. Andrea Orcel se déclarait résolument « obsédé par les coûts » et « confiant » sur la poursuite des solides performances financières de la banque en « 2023, 2024 et au-delà. » La banque a donc relevé en conséquence ses prévisions de bénéfices pour 2023.

C’était il y a deux semaines, et le prix de l’action Unicredit augmentait alors d’environ 2% à la suite de cette démonstration d’optimisme. Hier pourtant, le prix de la même action a chuté de près de 7% après l’annonce de la taxation des superprofits, dont les analystes de Citi estiment qu’elle pourrait effacer 19% des revenus.

Le recul n’est pas anodin pour les banquiers d’Unicredit qui reçoivent des actions en bonus. L’an dernier, le preneur de risque moyen chez Unicredit a reçu 303k € de bonus, dont environ la moitié en actions ; la nouvelle d’hier a ainsi induit une perte de 10k € en valeur. L’imprévisibilité pourrait impacter l’attractivité de la banque italienne en tant qu’employeur – Unicredit est en plein recrutement et a augmenté ses effectifs de 2 000 personnes depuis 2022 (essentiellement en Allemagne et en Italie), et compte aujourd’hui dans ses rangs les anciens banquiers de Credit Suisse Andrea Berti et Emilio Grisolia à Milan.

Mais par-dessus tout, les banquiers seniors en Italie s’accordent sur le fait qu’il faut voir cette nouvelle taxation comme un avertissement. Proposée par la coalition gouvernementale de droite pour financer les réductions d’impôts et soutenir la production de prêts hypothécaires, elle pourrait selon eux s’imposer aussi ailleurs.

« C’est une mesure populiste. Si elle fonctionne, d’autres pays pourraient suivre, » confie un trader senior en poste en Italie. La mise en place d’une taxe similaire au Royaume-Uni pourrait rallier des votes au parti conservateur de Rishi Sunak lors des prochaines élections, dit-il. Un autre trader italien prédit une mesure similaire en France.

En Espagne, le gouvernement socialiste a mis en place un prélèvement exceptionnel sur les profits des banques l’an dernier.

Un trader senior laisse entendre que la nouvelle taxation italienne pourrait être une bonne chose pour les professionnels des marchés et les banquiers : concrètement, les banques pourront moins compter sur la récolte controversée des honoraires issus des revenus nets d’intérêts en période de hausse des taux d’intérêts. Elles devront s’assurer de la solidité des activités générant des honoraires hors de la banque de détail.

Plus généralement toutefois, les taxes exceptionnelles pourraient avoir des effets secondaires imprévus. « Le risque est que les banques, qui ont été de gros acheteurs d’obligations d’État en Italie, ne les revendent en réponse à cette initiative, » indique l’un de nos traders. « Cela pourrait augmenter la volatilité et détourner les investisseurs internationaux du marché italien. » Pour l’autre trader, cela laisse supposer que les actions des banques italiennes « doivent être achetées de façon très opportuniste, avec un horizon spéculatif à court terme. »

Reste que face à l’impact de l’annonce d’hier sur les valeurs bancaires de la Bourse de Milan, avec des pertes atteignant plus de 10% pour certaines à la clôture, le gouvernement a fait machine arrière : d’abord en limitant les établissements ciblés – les groupes bancaires italiens affichant une progression de 5% de leurs revenus nets de 2021 à 2022 et de 10% de 2022 à 2023, puis dans un deuxième temps en prévoyant d’ajouter au décret « un plafond pour la contribution qui ne peut excéder 0,1% au total des actifs » des établissements concernés. Le plafond annoncé hier était de…25%.

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AUTEURSarah Butcher Editrice Monde

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